Cancer du sein et sexualité n'est pas un sujet tabou
C'est un fait peu connu et pourtant très répandu : près de 8 femmes sur 10 souffrant d'un cancer du sein rencontrent des problèmes d'ordre sexuel.
En couple ou pas, la sexualité est une partie importante de la vie. Cet aspect est pourtant rarement évoqué par les médecins.
L'anxiété quant à l'évolution de la maladie, la peur des changements physiques, ... peuvent entraîner une baisse de votre libido. L’angoisse prend tout l’espace dans votre tête et vous rend momentanément indisponible aux avances de votre moitié, il n’est pas évident de fonctionner sous le choc du diagnostic.
Cependant, chaque femme peut réagir différemment : l'anxiété et la frustration peuvent entraîner chez l'une une diminution du désir physique et chez l'autre un besoin exacerbé de contact et de relations intimes( se sentir aimé, malgré le changement d’image corporelle changée)
Une étude psychologique menée dans notre Centre par des chercheurs de l'Université de Genève démontre que 64% des femmes traitées pour un cancer du sein signalent des changements dans leur sexualité, et 29% parlent d'un arrêt complet des rapports (Cairo Notari, L'ajustement psychologique de la femme et de son partenaire au cancer du sein (Thèse de doctorat 2016, Université de Genève).
ll peut s'agir de fatigue, d’une diminution du désir sexuel, de douleurs, de modifications de l’image du corps, de troubles de la fertilité ou encore d'une ménopause précoce.
Le maintien ou la reprise d’une sexualité nécessite toutefois de respecter le temps nécessaire à chacun de retrouver ses repères et de pouvoir rester attentif à l’autre tout en préservant une communication de qualité. Pour ce faire, il faut comprendre le parcours d’une femme pendant les traitements:
La fatigue
Cette sensation de fatigue, bien différente de celle que l’on peut vivre dans la vie de tous les jours, peut persister longtemps après la fin des traitements malgré le repos. Lorsqu’elle est présente, elle peut causer une perte d’intérêt pour l’intimité et la vie sexuelle.
Les douleurs
Une modification voir un arrêt de la sexualité induite par la maladie, les traitements et leurs effets secondaires, des douleurs physiques importantes, est un phénomène pas rare.. La façon dont la douleur est perçue est un phénomène complexe. De nombreux processus psychologiques et émotionnels entrent en jeu.
La perturbation de l’équilibre hormonal de la femme qui peut être liée à une radiothérapie, à certaines chimiothérapies ou à une hormonothérapie, peut être responsable de douleurs au moment des rapports sexuels. Des soins et des conseils adaptés permettent de les soulager. Il est important de signaler ces douleurs à votre médecin ou à votre gynécologue.
La chirurgie : cicatrice,mastectomie, changement de volume, douleurs postopératoires, troubles de la sensibilité…
La radiothérapie : douleurs, changement de volume, troubles de la sensibilité…
La chimiothérapie :perte de cheveux, de pilosité, pose d’un PAC
L’hormonothérapie :sécheresse vaginale, bouffées de chaleur...
Un sein, voire deux en moins, plus de cheveux, ni de cils ou de sourcils, un “gros bras”, des kilos en trop ou en moins... pas idéal pour se sentir sexuellement attirante ! Après une mastectomie, l’impact physique et psychologique peut être important, et devenir un obstacle au contact physique et social. Affronter sa propre image dans le miroir et dans le regard de l’autre peut être un cap difficile à passer. Des solutions sont possibles pour faire face à ces difficultés. Le cancer du sein entraîne chez beaucoup de femmes un sentiment de dévalorisation de la féminité.
A ces troubles physiques s’ajoutent des troubles du désir, ayant trait à la part psychologique. Le sein est un organe complexe au croisement de plusieurs fonctions : identité, sexualité, maternité. L’atteinte de cet organe est donc fortement symbolique.
Ménopause précoce et sécheresse vaginale
Certains traitements du cancer sein (hormonothérapie, ablation, irradiation des ovaires, chimiothérapie) entraînent une ménopause précoce.
Les symptômes de la ménopause précoce sont les mêmes que ceux de la ménopause naturelle : bouffées de chaleur, transpiration excessive, sécheresse vaginale….
Ce qui en est de la sécheresse vaginale: Il est important d’en parler à votre médecin et commencer un traitement local, de type lubrifiant médical, aidera à retrouver un certain confort lors des rapports sexuels . Manque de lubrification et vos relations intimes deviennent inconfortables, voire carrément douloureuses.
Si vous n'y prenez garde, cette sécheresse peut dégénérer en vaginisme, une contraction du vagin tellement forte qu'elle rend tout rapport sexuel impossible.
Parler de vous, de ce que vous ressentez face à la maladie et aux traitements et aussi de votre sexualité est le meilleur moyen de vous aider dans cette période de changement.
Voici quelques conseils, en espérant vous faire garder une vie sexuelle épanouie....
Quand on s'aime, ça prend le temps que ça prend mais on y arrive, car l'envie de faire l'amour existe bel et bien , ce sentiment n'est pas éliminer par les traitements....Votre conjoint devra apprendre à se passer quelques temps d'une partie du corps , si cela vous aide.Il faut qu'il prenne son temps et vous complimente... lui aussi , car il est confronté à maladie et a peur...Et le temps de l'acceptation peut être très rapide quand le conjoint est là, avec les bonnes paroles et les bons gestes.
Utilisez des lubrifiants! Les muqueuses sont souvent affectées dû aux traitements ou à une ménopause précoce.
Restez ouverte.Basez-vous sur le capital amour de votre couple, trouvez d'autres façons d'être ensemble et rester très proches.Le désir l'emportera vite sur les réticences rencontrées. Chaque femme y va de son propre rythme.
Parlez en à votre conjoint et à votre médecin. La communication est la solution clé pour dynamiser la sexualité. Si vous vous sentez fatiguée, demander à votre partenaire d'avoir un rôle plus actif .Si vous avez des parties du corps plus sensibles, guidez votre partenaire, comment il doit vous toucher pour créer une atmosphere de plaisir et non d'inconfort.
Booster votre estime-de soi. Pensez à vos qualités d'abord....Si vous perdez vos cheveux, portez une perruque ou un foulard, si cela vous fait sentir plus à l'aise...n'hésitez pas à l'utiliser. Certaines femmes préfèrent ne rien porter dans leur lit. Si vous avez une prothèse mammaire, faites surtout toujours ce, qui fait vous sentir bien avec vous-même. Faites de l'exercice, pour garder la fitness de votre corps et esprit. Faites de la relaxation ou consultez une sexologue, qui vous guidera, si malgré vos actions, vous vous sentez embarrassée avec la situation.
Cancer et sexualité n'est pas un sujet tabou, les professionnels de la santé sont là pour aborder les problématiques de sexologie.Alors n'hésitez pas à les contacter.
Pour plus d'informations :
Madame Raynaud Evelyne / Sexologue/ Groupe sein
Tel: 4411 -6341
Email : sec.menopause@chl.lu
RDV en ligne : Formulaire
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source : e-cancer.fr