L’hypnose dans la prise en charge du cancer du sein
Dans le cadre de la journée « Sérénité » en janvier, nous avons eu l’occasion de présenter l’hypnose et particulièrement ses champs d’applications dans le cadre du cancer du sein.
Cette technique issue des Etats-Unis est de plus en plus répandue dans le domaine médico-soignant avec l’appui de recherches scientifiques pour valider sa plus-value.
Actuellement l’hypnose désigne selon Milton Erickson(1901-1980) psychiatre-psychologue américain, désigne un état modifié de conscience, distinct du sommeil. Les sujets hypnotisés sont pleinement éveillés et ils focalisent leur attention.
L’hypnose est un outil facile et très pratique pour le patient qui peut ainsi faciliter son adaptation à une difficulté ou une situation de soin. L'état d'hypnose arrive généralement après une induction puis un approfondissement. L'hypnotiseur est la personne qui permet à l'hypnotisé de parvenir à cet état de conscience. Elle peut également être induite par la personne elle-même : on parle alors d'auto-hypnose.
L’approche s'illustre par une citation extraite lors d'une conférence que Milton Erickson donna à Seattle en 1965 :
« Vous ne contrôlez pas le comportement d'une quelconque autre personne. Vous apprenez à le connaître, vous aidez les patients en l'utilisant, vous aidez les patients en le dirigeant de telle façon qu'il rencontre leurs besoins; mais vous ne travaillez pas avec les patients pour atteindre vos propres buts. Le but est leur bien-être, et si vous réussissez à obtenir leur bien-être, vous touchez directement votre propre bien-être ».
L’hypnose comme un phénomène naturel…
Phénomène naturel qui existe chez chaque être humain et qui se produit de façon rythmique, toutes les 90 minutes environ.
Cet état est favorisé par certaines situations (les spectacles, les voyages, la conduite automobile, la lecture, l’attente, la remémoration de souvenirs agréables), pendant lesquelles nous connaissons des moments de rêverie, de distraction.
Pendant ces moments, une partie de nous est présente, tandis qu’une autre partie semble ailleurs, capable de réparer, d’apaiser un symptôme ou bien une douleur.
Nous partons du principe que notre conscience a différents niveaux auxquels nous n’avons pas directement accès.
Ces niveaux sont comme une sorte de réservoir de ressources dans lequel, entre autres, deux potentiels, adaptatifs et rééducatifs, sont emmagasinés et prêts à être mis au service d’un apprentissage. C’est le lieu où le sujet peut trouver, avec l’aide contextuelle du thérapeute, les solutions non utilisées, ses capacités restées intactes, inexplorées.
Les champs d’application
Dans le cadre de la prise en charge du cancer du sein, l’hypnose peut être utilisée dans différents domaines :
En sénologie (lors des biopsies,…)
En période péri-opératoire (afin de préparer à l’opération, avec une réduction de la douleur en post-opératoire)
En chimiothérapie (nausées, gestion du stress,…)
En radiothérapie
En suivi avec les symptômes pénibles (douleur chronique, fatigue, troubles du sommeil, bouffées de chaleurs,…)
L’apprentissage de l’hypnose a un effet très bénéfique sur la qualité de vie et la notion de reprise de contrôle sur sa vie, au moment où le patient en a le plus besoin.
Le rôle du thérapeute
Le thérapeute, le praticien de façon indirecte:
Aide le patient à mobiliser ses ressources en entrant de façon respectueuse dans son monde
Permet qu’une solution puisse émerger de l’intérieur selon la logique du patient
Communique des idées et des compréhensions
Amène le patient à utiliser les compétences qui existent en lui, au niveau psychologique et au niveau physiologique
Un apprentissage
Il s’agit d’une technique, d’un savoir-faire que les individus peuvent maîtriser
plutôt que d’un état qui simplement « se produit » chaque fois qu’ils sont hypnotisés.
Savoir-faire que le patient peut apprendre
un sentiment de maîtrise
de reprise de contrôle sur son problème, au lieu d’accroitre son sentiment d’impuissance.
Réticence
Les patients et le milieu médico-soignant sont bien souvent réticents à l’hypnose. L’impression est donnée que via cette technique, le thérapeute influence les pensées et les actions d’un individu. Des explications claires et directes à propos de l’hypnose apaisent les peurs.
De plus, certains patients croient qu’une intervention psychologique impliquent qu’ils souffrent d’un problème psychologique. Il est nécessaire de recadrer en soulignant que les interventions psychologiques peuvent être utiles dans le traitement de problèmes physiques.
Concrètement…
Actuellement, au CHL, nous sommes deux psychologues et une infirmière formées en hypnose pour la prise en charge des patients oncologiques. Les patients peuvent demander à nous rencontrer lors de leur passage au CHL ou directement par téléphone.
Au Centre Baclesse, vous pouvez rencontrer Mme Kipgen, la psychologue, thérapeute en hypnose.
Les psychologues de la Fondation Cancer sont également à votre service pour vous renseigner sur l’hypnothérapie et vous faire bénéficier de ses bienfaits.
"C’est permettre au patient de retrouver ses ressources et compétences afin de pouvoir résoudre son problème"