Le cannabis et le cancer

Depuis le 28 juin 2018, le Luxembourg est l'un des premiers pays en Europe à autoriser l'usage médical du cannabis. A la chambre des députés ce projet a été adopté à l'unanimité.Ceci-dit , il l'usage de cannabis n'est permis que à des fins thérapeutiques et non divertissantes.

Le cannabis sera disponible dans quatre hôpitaux sur ordonnance médicale pour les patients ayant un cancer ou certaines maladies douloureuses ,chroniques ou dégénératives.

Le cannabis pourra être prit en gouttes et huiles comme en gélules. La plante ne se fumera pas.

Un premier bilan sera fait dans deux ans et permettra d'évaluer le nombre de patients ainsi que la liste des maladies concernées.


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Le cannabis est un thème très actuel , comme au congrès de juin 2018 au MASCC annual meeting on supportive care in cancer à Vienne.

Est-ce que le Chanvre est la thérapeutique du futur ?

Le cannabis reste d'intérêt controversé et mérite d'autres études pour une recommandation dans le traitement des douleurs, de l'anorexie et des symptômes anxio-dépressifs.

Declan Walsh a rapporté son expérience pharmacologique et pratique de l’usage du cannabis en cancérologie. Trois effets ont une évidence substantielle

  • gestion de la douleur,

  • nausées et vomissements,

  • mouvements spastiques,

alors que l’action sur le sommeil est d’évidence modérée.

Le premier résultat surprenant est une action sur la réponse immunitaire en lien avec les lymphocytes Natural Killers (récepteurs CB2-cannabidiol) et un effet antiangiogénique qui mène à une réflexion sur une action anti-néoplasique des cannabinoïdes. Trois études ont en effet montré une réduction de l’incidence de cancers bronchiques, du testicule ou des voies aériennes avec l’usage de marijuana et plusieurs données concernant les récepteurs dans différentes tumeurs.

Il existe une action différente entre le hashish (la résine, d’action plutôt centrale) et la marijuana (l’herbe, d’action plutôt périphérique) ainsi que le dronabinol qui a fait l’objet de nombreuses recherches.

  • La réflexion de fond a également été menée au cours de cette session spéciale fumette, sur son impact sur les effets indésirables du cancer et de ses traitements.

  • L’action antiémétique est discutée depuis longtemps ainsi qu’une action potentielle sur l’anorexie (non retrouvée dans les essais randomisés présentées lors de la session). L’impact sur les symptômes centraux tels que l’anxiété la dépression et le sommeil restent également débattu.

  • La tolérance est bonne, sans dépression respiratoire, avec un risque de dépendance de 9% (inférieur aux autres drogues, à l’alcool et à la nicotine). En revanche, il existe un effet psychostimulant reconnus dont il est difficile de dire s’il est lié à un état psychotique sous-jacent (personnalité pathologique) ou s’il est déclenchant.

  • L’utilisation du cannabis comme co-analgésique est également reconnue mais avec un impact négatif liés à des troubles du sommeil (rêves éveillés, insomnies) chez les usagers au long cours.

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Le cannabis est-il efficace sur les symptômes ?

L'effet du cannabis semble être réel dans le cadre de plusieurs études monocentriques menées au McGill sur la douleur, les symptômes anxio-dépressifs et l'appétit.

Une analyse rétrospective menée au McGill avait pour objectif d’évaluer la tolérance et l’efficacité du cannabis médical sur le contrôle des symptômes dans une population de patients atteints de cancer, inclus sur 24 mois au centre « Santé Cannabis », selon l’échelle ESAS (MASCC® 2018  Arboleda et al. Abs. PS031). L’analyse a été réalisée à l’inclusion puis à trois mois de suivi.

L’oratrice a insisté sur l’importance de la méthodologie de recrutement et d’accompagnement des patients, avec un parcours parfaitement identifié au sein du centre « Santé Cannabis ».

Une amélioration significative, entre l’inclusion et 3 mois, a été rapportée sur

  • la dépression (p=0,02),

  • la douleur (p=0,01) et

  • l’anxiété (p=0,04).

La tolérance a été bonne, sans effet indésirable pour 74% des patients et pour les 26% avec des effets, 1% d’effets sévères.

Au cours de la même session dédiée aux études sur le cannabis, le McGill a été très représenté avec 4 interventions sur les 6 de la session, preuve d’un investissement d’équipe autour de cette thématique importante.

Une autre étude a focalisé l’attention sur l’impact du cannabis sur l’appétit. Suivant la même méthode d’évaluation que précédemment (ESAS), les résultats ont montré sur 54 patients en monocentrique, une réduction significative de la perte d’appétit par rapport à l’inclusion.

Le poids a été stabilisé entre les deux périodes.

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Des études randomisées multicentriques sont, là encore, attendues, mais des réponses aux questions posées sur l’usage du cannabis commencent à recevoir des réponses grâce à l’investissement de certains centres.

Après le cannabis, les herbes et une MASCC très bucolique cette année !

Un abstract français, soulignons-le, qui se penche sur la question des CAM (Complementary and Alternative Medicine) et des Herbes chez les patientes traitées pour un cancer gynécologique ou du sein.

L’équipe du Centre Oscar Lambret nous présente des données descriptives sur l’utilisation de plantes et/ou de thérapies complémentaires, avec des détails sur les sources d’information utilisées par les patientes et les raisons pour lesquelles celles-ci se tournent vers ces pratiques/produits.

114 patientes ont été incluses dans l’enquête et ont complété un questionnaire.

  • 59,3% faisaient appel à une ou plusieurs CAM au premier rang desquelles l’homéopathie avec 37,2% des patientes.

  • 29,2% déclaraient utiliser de la phytothérapie.

  • Près de 60% des patientes déclaraient connaître la phytothérapie et les sources d’information principales étaient les livres grand public et l’entourage, devant internet et le médecin généraliste quasiment à égalité.

Parmi les motivations et attentes de ces patientes, on retrouve l’amélioration de l’état général, la réduction des effets indésirables des traitements, et une potentielle action synergique avec les traitements du cancer, pour une meilleure efficacité.

Aucune patiente n’a déclaré penser que les herbes pouvaient être plus efficace que leur traitement anticancéreux « allopathique ».

Les patientes consomment ces préparations de phytothérapie très majoritairement en même temps que le traitement oncologique, ce qui pose la question d’interactions métaboliques éventuelles pouvant soit majorer la toxicité des traitements, soit impacter leur efficacité (n’oublions pas l’interaction entre la sauge et le tamoxifène), ce d’autant que 33% seulement des patientes déclarent en avoir informé leur oncologue.

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Prudence !

Il faut insister et souligner qu'il n’y a aucune preuve scientifique disant que le traitement puisse avoir un quelconque effet bénéfique sur l'évolution des maladies cancéreuses et qu'il faut se méfier de l’hyper-médiatisation du sujet pour l'instant.

Alors avant d’entreprendre la prise de cannabis et aussi dépendant de votre raison…

Parlez-en à votre Oncologue !