Recherche au Luxembourg : ETUDE AURORA
Qu’est-ce que l’étude AURORA?
Il s’agit d’une vaste étude de recherche académique basée sur le screening moléculaire, une analyse des gènes du cancer ,qui a pour but de mieux comprendre le cancer du sein métastatique.
L’initiative AURORA a été lancée par le Breast International Group (BIG) qui est une organisation internationale sans but lucratif basée à Bruxelles (Belgique), qui soutient les groupes académiques de recherche contre le cancer du sein du monde entier.
Elle fait participer plus de 60 hôpitaux et centres du cancer dans 11 pays européens. Jusqu’à présent l’étude AURORA a porté sur 1.1150 patientes. Un projet ambitieux complémentaire vise à y intégrer l’étude de sous-population spécifiques de cancer du sein ( triple-négatif,lobulaire ).
AURORA en chiffres
1.150 femmes et hommes atteints d’un cancer du sein (métastatique) avancé participent déjà à l’étude AURORA
Au total, 30.000 échantillons de sang et de tissu tumoral seront collectés.
411 gènes de tumeurs primaires et métastatiques sont analysés
11 pays sont impliqués dans le projet : Belgique, Allemagne, Islande, Italie, Portugal, Luxembourg, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni et Autriche.
plus de 60 hôpitaux participent à l’étude ( dont le CHL)
Quelles informations ont été découvertes par l’étude ?
L’analyse approfondie des données relatives aux 381 premières patientes du programme de recherche AURORA a mis au jour d’importantes spécificités moléculaires et cliniques qui éclairent d’une lumière nouvelle le cancer du sein métastatique (CSM) et son évolution. Les résultats de cette analyse viennent d’être publiés dans Cancer Discovery, le journal de l’American Association for Cancer Research.
En analysant des échantillons et données, les chercheurs sont en mesure d’étudier les changements moléculaires qui se produisent lorsque le cancer du sein commence à se propager, et ensuite tout au long de l’évolution métastatique.
Pour l’instant, les chercheurs ont identifié les changements moléculaires les plus fréquents dans les échantillons métastatiques. Ces changements considérés comme essentiels dans la génèse du cancer. Ces observations pourraient mener au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les patientes atteintes d’un CSM.
Les analyses révèlent également que les métastases ont exprimé moins de gènes liés au système immunitaire et présentaient sous le microscope une composition cellulaire immunitaire différente, pouvant engendrer un micro-environnement plus propice au développement de métastases.
L'analyse de la durée de survie des patientes avec la maladie révèle que les personnes atteintes d'un cancer mammaire HR+ (hormone receptor-positive) HER2- (HER2-négatif) qui présentaient simultanément une charge tumorale mutationnelle élevée (TMB pour tumour mutational burden) dans leurs tumeurs primaires, se caractérisaient d'une part par une survie globale plus courte et d'autre part par un délai de récidive plus court. Ces deux observations indiquent que la TMB est un facteur indépendant de mauvais pronostic dans ce sous-groupe.
Enfin, les chercheurs ont également constaté que plus de 50% des patientes présentaient des changements moléculaires pouvant être associés à des thérapies ciblées existantes, mettant ainsi en évidence l'impact potentiel du dépistage moléculaire dans la prise en charge du CSM.
Qui a financé cette étude Aurora ?
AURORA est un programme exclusivement académique, rendu possible par les généreuses contributions de plusieurs instances - Breast Cancer Research Foundation®, Fondation Cancer (Luxembourg), NIF Foundation, Barrie and Deena Webb, Candriam, Fondation Futur 21, Sogerim, Think Pink Belgium (SMART Fund) – et de nombreux donateurs particuliers. AURORA bénéficie également du soutien du Fund Friends de BIG, dont la gestion est assurée par la Fondation Roi Baudouin.
Quel est l’impact de l’étude AURORA au Luxembourg ?
Pouvez-vous vous présenter?
Mon nom est Nassera AOUALI et je travaille au LIH depuis 13 ans, tout d’abord 11 ans comme chercheur, puis maintenant comme attaché de recherche clinique depuis 2 ans, diplôme que j’ai obtenu en formation continue.
Mon rôle au niveau de l’étude est de veiller à ce que l’étude se déroule correctement au Luxembourg, que ce soit d’un point de vue administratif mais aussi d’un point de vue pratique. Je suis ce qu’on appelle dans le métier « study coordinator » de l’étude AURORA au Luxembourg.
Quel a été le rôle du LIH dans l'étude Aurora au Luxembourg ?
Le rôle du LIH est extrêmement important, car c’est grâce au LIH que l’étude ai pu avoir lieu au Luxembourg, car il offre l’aide logistique pour la réalisation.( collecte des échantillons et données)
Dans un premier temps c’est le LIH (Unité du CIEC) qui présente l’étude aux médecins de l’hôpital. Si les médecins sont intéressés par l’étude, le LIH constitue un dossier à soumettre aux autorités réglementaires. Pour cela différents départements du LIH (le CIEC, le département juridique et le département de protection des données) travaillent ensemble pour monter le dossier de soumission de l’étude .
Le LIH (CIEC) gère aussi la logistique de terrain pour que l’étude se déroule sans incidents lorsque les patients viennent à l’hôpital au moment de l’inclusion ou des visites de suivis. C’est aussi le CIEC qui est l’interlocuteur directe du sponsor de l’étude.
En quoi se différencie une étude académique des autres études?
Je dirais que dans le cas d’une étude académique l’intérêt premier est un intérêt scientifique pour une finalité médicale. Dans le cas d’une étude de sponsor l’intérêt est la validité de l’efficacité d’un produit pour une finalité commerciale.
Combien de personnes du Luxembourg ont participé à cette étude ?
L’objectif pour le Luxembourg était d’inclure 50 personnes, pour le moment 48 patientes ont été inclues.
Que pouvez-vous dire aujourd'hui aux femmes concernées par le cancer du sein métastasé ?
Comme partout en oncologie, les avancées se font par petits pas. Malgré les progrès déjà réalisés, beaucoup de nouvelles avancées sont nécessaires pour combattre encore mieux cette maladie redoutable .
Quelle sera l'évolution dans les thérapies ?
Les nouvelles thérapies deviennent <<intelligentes>>plus spécifiques, elles n’attaquent pas uniquement la cellule cancéreuse mais aussi son micro-environnement. En effet la cellule cancéreuse modifie l’environnement qui l’entour et cela lui permet de se défendre et de résister aux traitements. Les nouvelles thérapies s’orientent aussi vers des thérapies de plus en plus personnalisées aux patients.
L'étude va-t-elle continuer ?
Le nombre de patients prévu initialement dans l’étude AURORA a été atteint, c’est-à-dire 1000 patients. Les résultats ayant été concluants, il y a un souhait de la part des investigateurs de prolonger l’étude AURORA en augmentant le nombre de patients à recruter.
Mot de fin du Dr Nassera Aouali, Clinical Research Associate, Clinical and Epidemiological Investigation Center
C’est une maladie dont je me sens très concernée en tant que femme car n’importe qui peut être atteint par le cancer du sein et à n’importe quelle age. Je me suis très sensibilisée à la maladie car des membres de ma famille ont été touchés par le cancer. Le dernier mot que je donnerais n’est pas en tant que médecin mais chercheur, le chemin pour vaincre la maladie est encore long, mais c’est en unissant nos forces et nos efforts patients, médecins et chercheurs que nous vaincrons la maladie.
Autre article du blog relationné avec l’étude AURORA :
Cancer Discovery
Fondation cancer Luxembourg